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Origines de la Gestalt-thérapie

La Gestalt-thérapie s’est nourrie de divers courants de pensée :
la psychanalyse , la Gestalt-théorie, la phénoménologie et l'existentialisme.​
L’origine de la Gestalt-thérapie est particulièrement liée à trois personnages et à leurs contributions spécifiques.
 
​​Frederick S. Perls, retenu par l’histoire comme fondateur principal, était à l’origine médecin psychiatre, psychanalyste, formé à la psychiatrie aux côtés de Kurt Goldstein dans le Berlin des années vingt, et à la psychanalyse par Fenichel, Hélène Deutch, puis W. Reich, entre autres.
Laura Perls, son épouse, docteur en Gestalt-psychologie, (la célèbre « Psychologie de la forme »), a en outre été marquée par les enseignements d’existentialistes juifs (Martin Buber) et protestants (Paul Tillich). Tous deux participèrent activement à l’intense activité culturelle du Berlin des années vingt avec son renouveau en matière de théâtre, de danse, de musique, sous l’influence, entre autres, du Bauhaus.
 
Contraints de fuir l’Allemagne nazie, ils émigrent en Afrique du Sud où ils fondent l’Institut de Psychanalyse. Ils y publient un premier livre en 1942, « Le moi, la faim et l’agressivité » qui développe une communication prononcée par F. Perls au Congrès de Psychanalyse de Marienbad. Tout en se voulant contribution critique et constructive à l’appareil théorique freudien, ce texte commence à marquer quelques signes de fracture, en intégrant en particulier de nombreuses contributions issues de la Gestalt-psychologie et de l’influence de Reich.
A la fin de la guerre, le couple émigre à nouveau pour New-York à l’invitation de plusieurs grandes figures de la psychanalyse américaine et y implante sa pratique. Le couple y rencontre la troisième grande figure de ce qui deviendra la Gestalt-thérapie : Paul Goodman. Universitaire, auteur de romans et de pièces de théâtre, d’essais sur la philosophie, la société, l’éducation, la littérature ; un « homme de lettres » comme il aimait lui-même se désigner, en référence à la Renaissance. Plus tard, Goodman sera reconnu par la société américaine comme un penseur majeur, le référent des idées neuves véhiculées par le mouvement californien de projet de transformation de la société et de ses valeurs. Ivan Illitch, par exemple, affirmera volontiers qu’il n’aura fait que prolonger l’œuvre de Goodman.
 
 
Leur rencontre se concrétisera par la mise en chantier, avec quelques autres collaborateurs, de ce qui deviendra l’ouvrage fondateur « Gestalt-thérapie » publié en 1951. Frederick Perls apporte son expérience clinique, son intégration – parfois sommaire — de penseurs originaux, ses intuitions créatives. Goodman apporte sa solide culture philosophique, phénoménologique, sociologique et psychanalytique. Cet ouvrage (« Gestalt Therapy, Excitment and Growth in Human Personnality »), constitue la base essentielle sur laquelle repose l’édifice de la Gestalt-thérapie. Certes, à la différence d’auteurs comme Freud qui ont élaboré leur approche et leur théorie au fil des années et des publications, nos auteurs ne nous ont livré, ensemble, que ce seul ouvrage et chacun a ensuite poursuivi son chemin séparément. Ce texte comporte donc des limites, des contradictions, des insuffisances mais il constitue incontestablement une approche visionnaire puisqu’il comporte nombre de propositions qui ressemblent étrangement aux avancées les plus récentes en matière de théorie psychothérapeutique, voire même psychanalytique.

 

                                  Extrait de l'article "La Gestalt-thérapie cinquante ans plus tard" par Jean-Marie ROBINE​​

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